
Les élections législatives en Italie au mois de Mars ont confirmé la recomposition, ou la décomposition pourrait-on dire, du paysage politique en Europe. Après les Pays-Bas, la France et l'Allemagne, l'Italie rebat encore une fois l’échiquier politique traditionnel droite-gauche qui vole en éclat, et confirme l’usure des partis traditionnels, qui ne reflètent plus les réalités d’une nouvelle époque. Bref l'Italie vit avec son temps qui est celui de toute l'Europe où les élections ne donne plus aucune majorité parlementaire claire.
Partout en Europe la gauche et la droite ne cessent de converger vers un centrisme européen. Mais pas cette fois ci en Italie, où le mouvement populiste "5 étoiles" arrivé en tête sans avoir la majorité (30%), au lieu de proposer une alliance avec les centristes du parti démocratique arrivé second (20%), veut gouverner avec le troisième gagnant de ces élections, le parti d'extrême droite et anti-Européen "La Ligue" (19%).
Un accord populistes / extrême droite qui fait peur à l'Union Européenne
Une telle alliance n'est certainement pas une bonne nouvelle pour l'Union européenne, de part le programme économique proposé par le mouvement populiste, mais aussi à cause de la position anti-européenne du mouvement d'extrême droite. La sortie de l'euro a été complètement escamotée du discours et du programme des deux partis politiques pendant cette campagne, parce que les opinions publiques sont aujourd'hui opposées dans leur majorité à une sortie de l'euro. Mais il est à craindre que cet escamotage ne soit que purement opportuniste et que, une fois au gouvernement, des politiques anti-européennes ne soit mises en oeuvre.
Les sujets qui inquiètent, voire qui effrayent.
Sans faire mention d'une sortie de l'euro, le programme ne mentionne pas non plus la réduction de la dette italienne. Ce qui est mentionné est le refus de l'austérité, une simplification fiscale via une "flat tax", un revenu de citoyenneté (780 euros par mois) et la baisse de l'âge de la retraite. Ces mesures, qui pourraient coûter au moins 100 milliards d'euros, vont avoir des répercussions préoccupantes sur la dette du pays, qui s'élève à 2 300 milliards d'euros.
Déjà les marchés financiers réagissent. Les places boursières européennes accusent le coup et sont à la baisse.
Les très mauvais souvenirs de la crise grecque
L'écart entre le taux auquel l'Italie peut emprunter et les taux accordés aux autres pays européens comme la France ou l'Allemagne est déjà en train de s'accentuer. On se dirige donc vers la situation que la Grèce avait connu et qui l'avait acculé à la banqueroute en faisant vaciller tout l'édifice monétaire européen. Si l'Union Européenne avait pu sauver la Grèce et l'euro en payant le prix fort, il est a craindre qu'elle ne soit incapable de le faire pour l'Italie, la troisième économie européenne. Avec l'Italie, le très mauvais souvenir grec pourrait se répéter et se muer en cauchemar insurmontable qui conduirait à un éclatement de la zone euro.