Pendant des décennies, le marché mondial des micro processeurs (CPU) a été dominé par les géants de l’industrie américaine (Intel, IBM, AMD, NVIDIA) qui se sont disputé entre eux un quasi monopole américain. Ces calculateurs électroniques miniaturisés et surpuissants sont le coeur de l’électronique de toutes nos machines modernes, voitures, trains, avions, navires, fusées ou satellites.. et bien sur, de tous nos outils électroniques et informatiques, ordinateurs, téléphones portables et autres objets connectés.
Depuis les années 2000 et l’avènement des smartphones et objets connectés, la maitrise de la fabrication du processeur n’est plus seulement un enjeu technologique et commercial. En effet, cette technologie permet au passage de pouvoir jeter un oeil sur les données et les informations que le processeur voit passer entre ses circuits. C’est devenu un enjeu stratégique de souveraineté, non seulement pour s’affranchir de la technologie étrangère, mais aussi et surtout pour se prémunir de la surveillance, de l’espionnage et de la malveillance des puissances étrangères. Il s’agit de s’assurer du contrôle des données dans les secteurs sensibles de l’administration étatique et de l’industrie.
La Chine s’est déjà lancée dans la bataille en développant ses supercalculateurs (« TaihuLightune ») et sa famille de processeur (« Loongson ») grace à un partenariat public et privé qui lui permet maintenant de disposer de ses propres CPU sans technologie américaine.
Depuis juin 2019, l’Union européenne a lancé son projet EPI (European Processeur Initiative), destiné à produire d’ici 2023 des processeurs indépendants destinés dans un premier temps aux super-calculateurs. Ces CPU pourront ensuite être utilisés dans les administrations européennes et nationales. L’initiative fédère plus de 20 partenaires issus de 10 pays européens. La société franco-allemande SiPearl a été créée pour mettre en oeuvre ce plan, et rassemble des partenaires publics et privés comme Graphcore (anglais), Atos (français), le CEA (français), le Barcelona Supercomputing Center BSC (Espagnol), l’institut Fraunhofer (Allemand), STMicroelectronics (franco-italien), ainsi que plusieurs constructeurs automobiles.
La Russie quant à elle n’est pas en reste. Elle vient de dévoiler son plan, orchestré par la société d’Etat Rostec à la tête d’un conglomérat civil et militaire. L’ambition est d’équiper les ordinateurs des ministères de la santé, de l’éducation, de la défense et des sciences, d’ici 2025.
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